Séjour de Bénédicte CHOC du 11 Janvier au 8 février 2008.

Mes premiers pas en Afrique, une rencontre bouleversante avec le Bénin et la découverte d'une autre dimension, humaine ! Où il est essentiel d'oublier tous ses propres repères. Il y a ici une fraternité et une solidarité hors du commun européen et ce peuple et tous ses enfants vous redonnent le sourire et la simple joie de vivre à tout moment.

Même l'odeur de la terre, d'un autre âge, est attachante, j'aime à me balader en vélo ou à pied au milieu de la population et travailler avec les collégiens et lycéens.

Tandis que j'essaye de les aider en français, anglais et espagnol (un peu de mathématiques aussi) eux m'apprennent le fon et je m'amuse beaucoup de certaines expressions béninoises : Afogandja ? (tu t'es bien levé ?) Ablokpeléa (t'as fait un peu ?).

Les élèves sont bien en demande et leur enthousiasme nous encourage et nous fait oublier leurs difficultés et cette lenteur, parfois exaspérante ! Il restera toujours un petit quelque chose, ils sont tellement heureux que l'on s'occupe d'eux.

J'ai aussi fait la classe à deux reprises au CE1 de Gbékandji (l'institutrice est en congé maternité) l'occasion de constater quelques actions concrètes de notre association (construction de bâtiments ; la cantine, le financement du déjeuner de certains enfants démunis, l'apport de fournitures scolaires.) je me laisse guider par Basile, médiateur et acteur A.E.B. remarquable et plein d'intelligence, de méthode et de bienveillance, aidé par Elisabeth, institutrice pleine de douceur, de gentillesse et d'humour.

Entre les cérémonies officielles de remise de dons aux orphelins et enfants parrainés et les
études à la bibliothèque, beaucoup de moments drôles et de petits instants touchants en
compagnie de Mathias, le gardien de la maison, Odilon, Léonie, Prospére, Parfait, Arnaud, Sanni, pour ne citer qu'eux.

Le soir, Félix leur permet de visionner des films de Louis de Funès, des documentaires ou bien l'émission « C'est pas sorcier », ça les passionne ! Aussi parfois on joue au scrabble.

A Adjohoun, certains endroits nous réservent de belles surprises. La visite de l'école maternelle est un véritable enchantement, l'accueil des petits yokpovous charmant, haut en couleurs et en chanson. Tandis que je tente de retenir le refrain scout 'chéché koulé', eux répètent 'pirouette cacahouété', avec chorégraphie à l'appui !

J'ai aussi chanté avec les aveugles, dont le centre se trouve en face de la super boulangerie d'Adjohoun (fraîchement inaugurée). Sensations fortes garanties auprès de ces petits non-voyants qui ont tant de choses incroyables à communiquer, beaucoup d'amour et de force, une leçon de vie. Leur hymne de bienvenue ; 'Un être de sens rien d'impossible !'


Je me suis retrouvée dans des endroits invraisemblables et des paysages envoûtants : le marché immense d'Azowissé, la piste aux baobabs, le village de Fanvi au milieu des bananiers, des maisons d'argile au bord de l'Ouémé, où tous les enfants qui vous suivent ont un petit air de Kirikou !

La promenade au village de Gouké m'a beaucoup marquée et la visite au centre de soins et d'accouchement 'Jésus sauve' bouleversée.
Face à leur manque de moyens, je me suis promis de leur apporter une aide, même ponctuelle (chose faite aujourd'hui, un colis de première nécessité, don de la maternité Sainte famille de Lille, vient de partir).

Les croyances religieuses et Dieu sont omniprésents au Bénin. J'ai participé à une petite messe évangéliste sous une paillote. C'était vivant et très touchant.

Le temps court et nous voilà déjà sur le départ. Je pars d'Adjohoun la gorge nouée. Les enfants m'ont remerciée avec de jolis dessins et j'ai du mal à les quitter.

Mon voyage se poursuit un peu vers le Nord. En route vers Savalou, Basile m'accompagne sur la terre de ses ancêtres. Rencontre avec de très nombreux membres de sa famille (tous frères, tous cousins), le roi, personnage très
sympathique, ouvert et proche de son peuple.

Visite de superbes basiliques mais aussi de Dankony, lieu de pèlerinage vaudoo (étrange !) Participation également à une cérémonie de revenants, impressionnant, costumes magnifiques. rencontre intéressante à Dassa avec une jeunesse active et pleine de vie : Luc, neveu de Basile, directeur de l'auberge 'La cachette', éleveur de lapins, jardinier, forgeron. et Armand qui a créé son gîte expérimental 'Maktub' éleveur également, étonnant.
Découverte du musée historique d'Abomey chargé de culture et tradition africaine. Une journée à Allada en compagnie de la famille d'André, le temps de faire un tour à Tegbo et découvrir le nouveau bâtiment de 2 classes construit par A.E.B et constater l'arrivée d'eau grâce à l'association.

De retour à Cotonou, embarquement sur une pirogue pour Ganvié, la cité sur l'eau, collectivité des gens qui ont trouvé la paix. Dépaysement complet et vision irréelle. Enfin je prends le taxi, seule, vers Ouidah et la porte du Retour, haut lieu de la diaspora africaine chargé d'émotion et de réconciliation : dernière visite symbolique aux côtés d'un jeune nigérien qui m'a gentiment accompagnée et avec qui j'ai visité le musée du pardon et de l'espoir.

Quelques points noirs au tableau du Bénin ? La ville, un capharnaüm de poussière, de pétrole et de
misère (enfants & vendeuses au bord des grandes routes dans une épaisse fumée noire) et puis la
vilaine impression parfois d'être un porte-monnaie ambulant. Enfin, attention à l'harmattan, froid
saisissant ! (Avis aux donateurs de polaires !)

Bilan de cette mission ? Pas si évident d'aider. Comment ? A qui ? Cela demande méthode et réflexion et il faut penser aux conséquences. Il y a aussi le danger qu'ils attendent trop de nous. Nous pouvons être attentifs aux problèmes et nous sentir parfois démunis dans l'action. Il faut déjà un temps d'adaptation, et Basile m'a parlé d'un grand mot : la patience. Je viens d'entendre à la télé que l'un des présidents africains disait : « Votre problème à vous les français c'est que vous voulez tout faire vite. » J'ai beaucoup discuté avec Basile et son frère aîné Cléophas sur le sort des africains, l'éducation, la société, la politique, le commerce, le tourisme. La clé d'une nouvelle évolution africaine selon eux : la volonté et l'accès à la connaissance, le travail et l'organisation, en accord avec le patrimoine culturel et les valeurs de solidarité et de la famille. Alors je garde confiance en un avenir différent pour l'Afrique, berceau de l'humanité, et comme disent les proverbes : l'union fait la force, et chaque chose en son temps. même si l'urgence est là, partout.


Bénédicte

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