Séjour de Félix PACOT du 16 novembre 2012 au 9 mars 2013

 

Treizième séjour, je suis parti pour quatre mois laissant derrière moi l'hiver européen et la morosité ambiante en France provoquée par la crise économique actuelle.
Au Bénin la majorité de la population est pauvre : pas d'aides sociales, pas d'allocations, pas de soins gratuits, pas d'assurance. La retraite, oui, pour les fonctionnaires et pour quelques employés déclarés, et encore, elle est vraiment minime. Les autres doivent travailler jusqu'à la fin ; leur seul recours est la solidarité familiale.
Le dilemme posé aux parents d'envoyer les enfants à l'école alors qu'ils pourraient aider dans les travaux des champs ou les tâches ménagères.
Et l'argent qu'il faut trouver pour payer  contribution, fournitures scolaires, uniforme…. Malgré tout cela quelle joie de vivre !

Il est parfois bien laborieux de faire évoluer nos projets : difficultés d'approvisionnement, facilité de reporter les tâches au lendemain, rendez-vous sans cesse remis à plus tard. J'avoue que je me laisse parfois attirer par cette façon de vivre, ce qui n'est pas désagréable et bien moins stressant ! Nous voudrions que cela avance parfois plus vite mais c'est ainsi. Accepter avec fatalisme les impondérables de la vie comme le font les béninois.
Deux exemples : j'ai eu l'obligation d'aller en taxi brousse à Cotonou distant de 65 kilomètres d'Adjohoun pour des formalités administratives qui m'ont pris un quart d'heure ; je suis revenu à Adjohoun 13 heures plus tard !
Les buses pour la construction d'un deuxième pont sur le chemin d'Asrossa, commandées au mois de novembre, n'ont toujours pas été livrées malgré les nombreuses relances !

Un des rares lieux où la rigueur et la ponctualité sont de mise, c'est la bibliothèque d'AEB ! Christian est toujours plein d'entrain et il le faut, car l'affluence des élèves, des étudiants, des professeurs et de quelques particuliers y est de plus en plus grande.
La gestion de prêts des livres, la recherche de documents pouvant les aider à élaborer leurs exposés, la relance aux élèves étourdis ou peu sérieux qui ne ramènent pas les ouvrages empruntés lui donnent beaucoup de travail.

L'augmentation de la fréquentation et le désir de Christian de travailler plus, nous a fait modifier les horaires d'ouverture de la bibliothèque et passer de 32 heures à 40 heures par semaine depuis le mois d'avril.

La recherche de nouveaux ouvrages est indispensable, d'abord pour permettre de répondre à la demande des élèves mais aussi pour assurer le remplacement de ceux qui se détériorent (climat, environnement, et fragilité de certains). A l'heure actuelle nous avons 3300 ouvrages dans nos rayonnages. Une nouvelle étagère de dix rayons a accueilli les livres que les différents membres de l'association venus à Adjohoun dernièrement, ont amenés.

La bibliothèque offre principalement des ouvrages scolaires, mais aussi des romans, quelques bandes dessinées et des ouvrages médicaux. Si, les premières années les livres scolaires étaient le plus souvent empruntés, nous pouvons maintenant constater avec plaisir que la demande se diversifie et que les bandes dessinées, les romans sentimentaux, d'autres romans et les ouvrages médicaux sont demandés régulièrement.

Le local devient parfois bien exigu. Le rêve de voir un nouveau bâtiment, plus vaste, mieux adapté, n'est plus seulement le nôtre ; en voyant le nouveau terrain et l'activité qui s'y déroule, Christian et les habitués de la bibliothèque, eux aussi, espèrent.

Très souvent, le matin, profitant des premières heures de fraîcheur tout à fait relative par rapport à celles d'ici, avant que le soleil ne vienne surchauffer l'atmosphère, je suis allé nettoyer et niveler le nouveau terrain. Les jours de congé ou le week-end les enfants d'Abato qui fréquentent la maison de l'association sont venus m'aider. Ils le font avec plaisir ; une fois le travail terminé, nous nous rendons au fleuve où nous nous baignons et nous nous lavons. De temps en temps nous faisons un repas en commun : manioc ou riz bien épicé, qu'ils dévorent jusqu'à satiété. Grand bonheur de les voir rassasiés et contents. Sinon quelques pièces distribuées leur permettent d'acheter nourriture ou friandises, récompenses de leurs efforts.

Les élèves de l'école de football d'Adjohoun sont venus, eux aussi, prêter main forte à plusieurs reprises. Tous ces travaux ont permis d'avoir un terrain propre et de n'avoir, de l'ancienne bâtisse, que des tas de briques et de terre qui serviront pour le remblai de la future construction.

Cet été, le mur d'enceinte et le portail de la future bibliothèque seront construits . Il restera le plus important à faire en 2014 : la construction du nouveau bâtiment. Nous cherchons toutes les pistes pour trouver des fonds pour son financement, vos propositions sont les bienvenues.

Pendant ce séjour il a été construit à l'école primaire de Gbékandji II dans le prolongement de l'abri cantine un bac lavabo équipé de cinq robinets et un évier. Malheureusement nous n'avons pas trouvé les robinets-poussoir indispensables pour l'économie de l'eau et pour leur robustesse. Nous les achèterons en France et nous les amènerons au Bénin au mois de juin lors de nos prochains voyages.

A l'école maternelle d'Adjohoun la première étape de la construction de l'apâtam est terminée : le sol et les poteaux en ciments. La toiture se fera au mois de mai. Les petits bénéficieront d'un abri à l'air libre pour prendre leurs repas et s'abriter de la pluie ou du soleil.

Encore quatre mois enrichissants passés à Adjohoun et je suis déjà dans la préparation de mon prochain voyage au mois de juin.

 

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