Voyage au Bénin de Laure Nayach et Cyrille Bernet – du 15 au 25 juin 2012

Si notre premier séjour nous a permis d'avoir un coup de cœur, quand nous sommes partis cette fois-ci nous avions un vrai coup de foudre !!!!
Car ce séjour-ci nous a permis de découvrir davantage ceux pour qui nous étions venus : les enfants et leurs familles.

En effet, en restant essentiellement sur la commune d'Adjohoun, nous avons pu nous intéresser aux habitudes, aux styles de vie et donc aux besoins des uns et des autres.
Nous allons donc vous présenter quelques témoignages.

Si l'école est un lieu important dans la vie des jeunes, la bibliothèque d'AEB n'en est pas moins stratégique : lieu d'études, de conseils, de révisions, de débats, c'est aussi, pour ceux qui n'ont pas des parents lettrés, un lieu d'apprentissage.

Nous avons aussi constaté que c'est un lieu convivial pour les jeunes filles qui, en fréquentant la bibliothèque, peuvent améliorer leur niveau scolaire et donc s'émanciper. En effet, il n'est pas simple de faire sa place dans les études quand on est une jeune fille de 14 ans : certaines us et pratiques pousseraient plutôt celles-ci à convoler en mariage. C'est le cas d'Ingrid qui est en 3 ème et qui se sert de la bibliothèque comme lieu d'étude et de socialisation : les amoureux ne l'intéressent pas car elle connaît trop de jeunes de son âge qui sont mères à présent et qui ont, de fait, arrêté les études. La bibliothèque devient alors un lieu refuge qui, d'une certaine façon, lui permet d'améliorer son niveau scolaire et de se construire une certaine identité.

A la bibliothèque, nous avons aussi été invités à rencontrer le « club des jeunes lecteurs » : ceux qui sont déjà en première ou terminale et qui fréquentent la bibliothèque depuis de nombreuses années, prônent son efficacité auprès des élèves les plus jeunes qui n'osent pas s'y aventurer. Ils en parlent en classe, ils préparent des exposés, des fiches de lecture, des résumés qu'ils laissent à disposition à la bibliothèque. Felipe est le président, Arnaud le secrétaire, Florentin le régulateur et Florent un membre actif. S'ils souhaitent que leur action soit pérenne c'est bien parce que la bibliothèque d'AEB a un réel impact dans leur scolarité.

Il y a aussi le témoignage de ceux qui sont plus jeunes et qui voient dans l'implication d'AEB la possibilité d'avoir une meilleure moyenne, de subvenir à des besoins primaires ou matériels. Ce n'est pas pour rien qu'AEB contribue au financement de la cantine pour les orphelins de l'école primaire de Gbekandji II, car il faut savoir que bon nombre d'enfants doivent travailler pour pouvoir s'acheter à manger. C'est ce dont témoigne Matthieu : son père a 2 femmes et de nombreux enfants. Même si son père et sa mère travaillent beaucoup, ils ne peuvent pas subvenir aux besoins de tous : le fait de se trouver à manger est souvent de la responsabilité des enfants. Pour cela ils ont plusieurs pistes : travailler aux champs, aller chercher du bois ou des escargots dans la forêt pour les vendre. Si ces jeunes ont parfois du mal à écrire correctement, il y a un domaine dans lequel ils excellent : la débrouille pour pouvoir se nourrir. Cela suggère un certain courage d'autant qu'à cela s'ajoutent les corvées quotidiennes pour le bon fonctionnement de la maison (aller chercher de l'eau, ….).

Nous nous sommes donc intéressés à tous ces à côté
de l'école dans la vie des enfants et des jeunes adultes qu'AEB soutient. La question de la santé revient souvent dans les conversations. C'est en ce sens que nous avons visité plusieurs dispensaires et l'orphelinat d'Azwolissé. L'implication des infirmiers et des aides-soignants sur le terrain est remarquable, ne serait-ce que pour combattre les attaques du paludisme. L'orphelinat d'Azwolissé est aussi un repère important dans la vie de certains jeunes; le taux de mortalité de femmes lors d'un accouchement est très élevé et certaines familles ne peuvent pas prendre le relais. De plus, la précarité et les difficultés dans lesquelles vivent certaines familles ne leur permettent pas d'assumer leur rôle auprès des enfants. L'orphelinat intervient donc comme le ferait un foyer de l'enfance en France.

Notre regard s'est donc davantage porté sur la vie des enfants et des jeunes en dehors de l'école. Nos convictions, quant à ce qu'AEB peut leur apporter de positif, n'en sont que renforcées.

 

Retour haut de page